

A DEUX PIEDS D'ICI...
TREK 1 : LA TRAVERSEE DU TROLLHEIM DE OPDALL A FALE
26 Août 2012
Hier soir je suis donc arrivée à Oppdal. On était un samedi soir et tout était fermé. Il n'y avait personne dans la gare.
J'ai donc essayé de trouver un endroit où dormir. A 30 minutes à pieds, je suis arrivée dans une petite forêt, pas très loin d'une zone industrielle. J'ai posé ma tente sur une fourmilière et me suis préparé des Noodles trop cuites.
Aujourd'hui commence pour moi la traversée du Trollheim en 6 jours et 115 km.
Il a plut toute la nuit. A 5h du matin, je décide donc de plier ma tente trempée. Après m'être perdue au milieu d'un centre de tir, je finis par rejoindre la gare, d'où je commence à suivre la route direction Gjevilvasshytta. Il pleut toujours.
J'arrive à l'endroit d'où part un chemin vers la gauche qui doit relier Gjevilvashytta à pieds avant de rejoindre une autre route de l'autre côté de la montagne. Rapidement le chemin disparaît et il n'y a plus rien dans le paysage qui me permette de marcher facilement. Je suis maintenant au milieu des marais et il pleut toujours.
Je décide de suivre ma boussole et de garder le cap à l'ouest. Mais ce n'est pas du tout le chemin le plus facile. Je me retrouve à devoir traverser une rivière avec de l'eau jusqu'en haut des cuisses. Je dévie donc vers le sud petit à petit. Je finis par tomber sur un chemin de rando balisé. C'est hélas le chemin qui va vers le sommet. Je décide de le suivre quand même car de là haut je pourrai voir où je suis.
C'est donc après 4h de marche dont 1h30 perdue dans les marais que j'arrive au sommet et vois le lac en contrebas, à côté duquel doit se trouver Gjevilvasshytta.
Je croise un Norvégien qui se promène avec ses enfants et lui demande quelle est la direction du chemin que je cherche. Il me montre une direction sans être sûr que ça aille jusque là-bas.
Le problème est que la zone est toujours soit marécageuse, soit recouverte de bruyère et aucun chemin n'est tracé clairement.
Trempée pour trempée, je décide de tracer une ligne droite vers la bonne direction.
Je finis par rejoindre la bonne route. Un panneau m'indique qu'il me reste 6km à faire. Je pensais être beaucoup plus près.
2 heures plus tard, j'atteins enfin mon but.
Une fois à Gjevilvasshytta, le lac est à 1,5km. Je vais y faire sécher ma tente, et m'arrache le petit orteil contre un arbre (pas de chaussures car elles essayaient de sécher elles aussi).
Le camping étant interdit sur la plage, je remonte et commence à suivre l'itinéraire du lendemain. Je trouve un petit espace près du chemin. C'est en pente mais ça ira bien.
Il ne pleut plus.
27 Août 2012
A 7h30 je pars direction Jodalshytta à 6h et 19km de là. La première partie du chemin traverse la forêt. J'atteins ensuite un plateau d'où les arbres ont disparus et où je commence à voir les premières neiges éternelles. Le sol se transforme souvent en marais et c'est des bains de boue qui s'enchaînent pour mes pieds.
Etat de mes pieds pendant tous les treks
Près du sommet, c'est maintenant un désert de pierre. Je décide de manger ici.
Concernant les rations quotidiennes de nourriture, je vais vous mettre l'eau à la bouche :
4 biscuits le matin avec un thé
2 tranches de pain noir qui gonfle si on boit avec 4 tranches de fromages et chips le midi Noodles le soir et soupe déshydratée
2 barres de céréales et 2 pâtes de fruits pour 10h et 16h
hummm
J'arrive à Jodalshytta en début d'après-midi, où un petit lac dans lequel se jette un torrent m'attend. J'y installe ma tente et me fait une après-midi au soleil en compagnie des moustiques.
En fin d'après-midi, comme tous les jours mes chaussures sèchent et je suis en Crocks. Et comme tous les jours je pars en repérage du départ du trek du lendemain, histoire de savoir par où je pars au réveil. Sauf que là, je me suis enfoncée dans les marais sans m'en rendre compte. Le sol c'est ensuite transformé en une sorte de boue mouvante qui vous aspire. Ça se finit relativement bien avec les chaussures de marche, mais là, la Crocks gauche s'est noyée et j'ai bien cru que je ne la retrouverai jamais...
28 Août 2012
Je me suis levée ce matin avec un magnifique lever de soleil à l'est et un ciel très menaçant à l'ouest, avec en plus un vent assez soutenu. Et évidemment j'allais à l'ouest...
Direction donc Trollheimshytta à 18 kilomètre de là en passant par le Geihetta. Plus j'avance et plus le vent se renforce, passant de 50 km/h à 60km/h.
Près du sommet, les rafales deviennent encore plus violentes. Je suis projetée 2 ou 3 fois contre les rochers. Le vent est latéral et avec le sac je passe mon temps à lutter pour rester debout. Je met au point la règle des 3, c'est à dire que je ne lève un pied que si mes 2 bâtons et l'autre pied son encrés dans le sol. Et malgré cela, le moindre moment d'inattention me pousse brutalement sur le côté.
J'arrive enfin au sommet, je commence à être vraiment épuisée de combattre ce vent. Je fais l'effort de prendre quelques photos de la vue mais je dois m'asseoir car sans les bâtons je ne peux pas rester debout. La vue est superbe mais ça compense à peine l'effort fournit.
Je me cache derrière un gros rocher pour manger rapidement quelque chose.
J'attaque la descente. C'est une mer de rochers instable et je tombe plusieurs fois à cause du vent. La descente m'a parut interminable. Comme le reste de cette journée d'ailleurs.
J'arrive enfin à Trollheimshytta après plus de 7h de marche alors que 5h30 ou 6h aurait du suffire.
Il a plut après que j'ai installé la tente, mais ça n'a pas duré, et comme ça j'avais une bonne raison de me reposer dans la tente.
29 Août 2012
A 6h30, direction Karvatn en 8h et 22km. Pendant les 2 premières heures j'ai marché dans des marais (toujours très agréable). Évidemment l'endroit est envahi de moustiques. L'ascension commence ensuite dans la forêt. Puis la végétation disparaît et laisse place à une succession de lacs de montagne, de neiges éternelles et de cascades. Ce trek est vraiment sublime.
Au bout de 5h de marche je descends ensuite vers un grand lac au bord duquel se trouve un shelter devant lequel je m'arrête pour pique-niquer. Je continu ensuite la descente sur la vallée avec quelques passages très abruptes qui relèvent plus de l'escalade que de la marche, et évidemment des zones marécageuses. Puis je traverse un très long plateau sans arbre et en plein soleil. La dernière portion est une descente assez raide qui suit une cascade.
En fait, au départ, je ne vois qu'une cascade, puis en avançant, je vois une seconde cascade à côté de la première. Elles se rejoignent pour former une grosse chute d'eau. Le terrain s'aplatit et c'est maintenant un bout de rivière que je suis, avant de se transformer en une dernière impressionnante chute d'eau.
Je décide d'installer ma tente au pied de cette cascade et en bord de rivière. Cette soirée va être plus que paradisiaque!
30 Août 2012
Je pars à 7h30 pour Innerdalen à 5h et 13km de marche. Je commence l'ascension dans la forêt au ralenti. Cette 5ème journée s'annonce difficile, je me sens fatiguée.
J'arrive ensuite dans un paysage rocailleux entre deux montagnes. Je vais traverser cette cuvette jusqu'au high point du jour à 1180m. Je marche au milieu d'une mer de rochers instables et je n'aime pas du tout ça. Mais quand j'arrive au sommet, la vue est superbe. En face de moi il y a un lac d'altitude qui se jette en cascade dans la vallée. A l'est, d'autres sommets coupent l'horizon de l'autre côté de la vallée et à l'ouest ce sont des glaciers qui ornent les montagnes.
Je poursuis ensuite vers la vallée par une descente raide et rocailleuse. J'essaie de rester concentrée pour ne pas tomber. J'arrive finalement à Innerdalen, où un grand lac d'eau cristalline fait la liaison entre la montagne d'aujourd'hui et celle de demain. Je m'installe à l'abri des arbres entre le lac et la rivière et profite du beau temps pour laver du linge.
31 Août 2012
Je pars à 7h00 pour Fale. Les derniers 14km en 6h m'attendent. Le temps est très nuageux. Après avoir traversée une rivière, l'ascension suit la cascade que je vois depuis hier. Ensuite, les paysage ressemblent à ceux d'hier, c'est un plateau entre 2 sommets que je dois traverser. Sauf qu'au moment de voir la vallée, le brouillard a brusquement rempli celle-ci. C'est donc dans un épais brouillard que je commence la raide descente sur Fale.
Il faudra attendre 1h pour que la vallée réapparaisse et que le brouillard soit au dessus de moi. La dernière partie de la descente est assez compliquée. En plus du dénivelé, le chemin que je suis fait à peine la largeur de 2 pieds côte à côte. Et sur le côté ça descend tout de suite à pic au milieu des racines d'arbres et des buissons. La descente me paraît donc très longue.
Arrivée à Fale, je rejoins la route et fais du stop pour rejoindre un camping à Gjora et faire une pause ravitaillement. Au bout de 30 minutes, c'est un allemand qui vit en Norvège depuis quelques années qui m'emmène à Gjora.
Trek 1 : terminé.